François Foucart est directeur du pôle matériaux de l’entreprise Baudelet Environnement, spécialisée dans la gestion et la valorisation des déchets.
François FOUCART, Baudelet
Baudelet est une entreprise experte en matière de collecte, de traitement et de valorisation de déchets. Les sédiments fluviaux et marins et autres boues industrielles ou de voiries constituent un fort gisement de matériaux pour ses centres de valorisation et de stockage. Dans le même temps, la réglementation sur les déchets évolue vers une plus grande complexité, avec une élimination des déchets de plus en plus contraignante. Ce qui entraîne des surcoûts importants et, le sédiment ne constituant pas un déchet ultime, engage à travailler sur les outils de valorisation.
Des process de traitement coûteux
D’un point de vue technique, peu d’applications utilisent les sédiments bruts, qui contiennent notamment une forte teneur en eau imposant un processus de déshydratation. Il convient également de s’adapter aux matrices hétéroclites des sédiments, qui peuvent être sableux ou limoneux, par exemple. Par ailleurs, ces matériaux n’étant pas toujours inertes, leur décontamination s’impose. Enfin, l’impossibilité de les stocker en tas implique de disposer d’importantes surfaces de stockage.
Une évolution nécessaire, mais pas à n’importe quel prix
Nous travaillons sur des solutions de valorisation nécessitant des investissements conséquents : sous-couches et fondations routières, voiries douces, valorisation agronomique par reconstitution de sols avec des mélanges de compost et de sédiments ou végétalisation des terres. Cette dernière valorisation s’avère d’ailleurs fortement consommatrice de sédiments, ce qui est une bonne nouvelle.
Ces solutions, étudiées à travers une ICPE, donnent la possibilité d’utiliser des matériaux non dangereux autorisés, inertes ou non inertes. A cet égard, même si une évolution de la réglementation est souhaitable, une sortie systématique du statut de déchet ne va pas forcément dans le bon sens, le produit pouvant se révéler dangereux.
Créer le besoin pour rentabiliser
Si les matériaux de dragage sont expédiés en Belgique, c’est parce que nos voisins savent les traiter et les valoriser depuis plus longtemps. La France est toutefois en train de rattraper son retard, et la valorisation deviendra rentable à la condition que la demande suive. Pour les industriels, quelles sont les conditions de cette rentabilité ? Une baisse des coûts autorisée par le perfectionnement des process et une massification de la demande. Cela passe par l’incorporation du sédiment dans les cahiers des charges des opérateurs publics, mais également par la R&D, dont les financements mettent à contribution les pouvoirs publics.