Problématique d’ampleur nationale, la question des sédiments de dragage et de leur gestion s’avère être une affaire de territoires. Le 25 Mai 2021, la région Normandie a franchi un pas de plus vers la valorisation des sédiments de dragage en organisant un colloque spécifique sur la question dans le cadre de la mise en place de sa politique vers l’Economie Circulaire.
Tables rondes thématiques, ateliers, paroles d’experts, le tout organisé dans un format 100% digital, ce qui a facilité le rassemblement des acteurs des différentes régions de France.
A cette occasion, plusieurs acteurs des Hauts-de-France, forts de leur expérience, ont volontiers prêté leur parole lors de cet événement.
Christophe Deboffe, gérant-fondateur de Neo Eco, bureau d’ingénierie, a vite compris l’intérêt de valoriser les sédiments. La 1ere clé est la caractérisation du gisement (chimique, physique) qui permet de déterminer les bons traitements s’ils sont nécessaires. Les sédiments peuvent s’avérer hétérogènes, mais des points communs existent pour étudier des solutions opérationnelles adaptées. Il est également nécessaire de multiplier les solutions envisageables face à un gisement très important de matière disponible. Bien entendu, la question économique est un facteur déterminant à prendre en compte dans la création de boucles d’économie circulaire. L’étape du transfert technologique (de l’étape laboratoire à l’étape industrielle) est une étape clé, le tout en gardant une échelle territoriale cohérente. La démarche Sédimatériaux, portée en Hauts-de-France, a permis de multiplier les filières envisageables : ciment, béton, charges dans des composites, coulis autoplaçants, piste cyclables, digues de protection contre les inondations… Heureusement, la réglementation évolue et permet de fixer un cadre favorisant la valorisation des sédiments, par exemple avec la sortie de statut de déchet.
[Témoignage vidéo à partir de 17 min > 42 min]
Jaouad Nadah, chef de projet chez Eqiom travaille depuis 2012 sur les sédiments. Le 1er projet s’opère sur le GPMD dans le cadre de Sédimatériaux, avec un liant hydraulique pour la couche d’assise routière. Ensuite Eqiom a continué de s’intéresser au sujet, via son intégration dans la chaire industrielle Ecosed portée par IMT Lille Douai. L’objectif est alors de travailler sur des matériaux à haut potentiel d’intégration dans la technique routière, béton voire les ciments. Sur le terrain, Eqiom a également travaillé sur la réfection de quai avec VNF, sur des éléments en béton à hautes performances (poutres de couronnement de palplanches) intégrant des sédiments. Eqiom a aussi collaboré avec des collectivités comme la Métropole Européenne de Lille.
Parti de cette expérience, Eqiom se lance dans le projet SEDICIM, en cours depuis 2018, soutenu par la région Hauts-de-France dans le cadre de la démarche Sédimatériaux. Le projet SEDICIM vise à la fabrication de ciment en intégrant des sédiments dans la formulation, qui sera fabriquée dans une cimenterie dans le Nord.
Dans ce contexte, le principal frein identifié reste la normalisation : les sédiments n’entrent pas dans les normes actuelles, il existe néanmoins des bétons non normalisés dans lesquels on peut utiliser des sédiments. Un travail sera nécessaire en vue de la démocratisation des utilisations de sédiments dans les bétons.
[Témoignage vidéo à partir de 1h20min > 1h30min]
Avec l’intervention de Nicolas Prudhomme, Expert génie-civile à la Métropole Européenne de Lille
La Métropole Européenne de Lille (MEL) a décidé de s’intéresser à la question de l’intégration de sédiments dans ses marchés, à ce jour deux applications ont vu le jour sur le terrain, à travers le projet SEDIMEL, dans le cadre de la démarche Sédimatériaux :
Dans ce projet, on notera un léger surcout dû au fait de l’échelle expérimentale avec nécessité d’infrastructures pour la préparation de la matière. Dans chaque cas de figure, il est important de prendre en compte la distance parcourue par les matériaux pour éviter les surcoûts.
[Témoignage vidéo à partir de 1h30min > 1h37min]