Auteur d’une thèse sur un outil d’aide à la décision pour le dragage maritime, Pascal Grégoire intervient régulièrement sur le sujet, par exemple à Pollutec en 2018. Il est aujourd’hui responsable environnement du Grand port maritime de Dunkerque.
Pascal GREGOIRE, Responsable environnement, Grand port maritime de Dunkerque
Un port condamné à draguer à perpétuité
Les opérations de dragage permanentes et perpétuelles, liées au transit sédimentaire du littoral, constituent un point-clef de l’engagement du port de Dunkerque. Ainsi, dans l’avant-port ouest, ce sont quatre mètres de sédiments qui se déposent chaque année (soit un centimètre par jour). Plusieurs opérations de dragage sont donc effectuées chaque année, avec comme objectif le maintien du tirant d’eau pour la navigation. Ces opérations concernent 5 millions de m3, constitués de vases et de sables. 1 % de ces sédiments sont de mauvaise qualité chimique.
Les matériaux dragués sont destinés à l’immersion en ce qui concerne les vases de qualité chimique acceptable, et au stockage à terre en installations de transit en ce qui concerne les sables. Ces derniers peuvent également servir au remblaiement côtier dans le cadre de la gestion de l’érosion du littoral.
L’impératif amortissement des coûts de traitement à terre
Si l’immersion s’avère l’option la moins coûteuse, le stockage à terre coûte deux fois plus cher, et la gestion littorale ou le stockage à terre des vases polluées quatre fois plus.
Cependant, la commercialisation et la valorisation des sables stockés à terre, ainsi que celle des vases polluées dans le cadre de la gestion des aménagements portuaires permettent d’amortir les coûts de traitement. A cet égard, la stratégie d’économie circulaire du port de Dunkerque est appliquée directement sur le territoire portuaire.
Quelles pistes de valorisation spécifiques ?
Nous envisageons le développement d’écomodelés paysagers constitués de sédiments dans le cadre du schéma directeur Patrimoine naturel, ainsi que de structures routières en partenariat avec des entreprises telles que Colas, ou encore des ouvrages de génie civil en béton dans le cadre de l’entretien de nos jetées et digues. Notre axe R&D concerne les granulats, dont les filières de valorisation et les besoins sont multiples. Nous sommes cependant confrontés à la question de la teneur en eau salée de nos produits de dragage. La réutilisation dans les filières béton, paysagères et routières reste toutefois partiellement possible après lavage et décantation.