Lucie Trulla, ingénieure des travaux publics de l’Etat, est responsable du service Transition énergétique et écologie estuarienne au Grand port maritime de Nantes Saint Nazaire. Elle représente ici l’Union des ports de France (UPF), l’association professionnelle représentant les exploitants de ports français.
Lucie TRULLA, Union des ports de France (UPF)
Un coût de traitement élevé
L’UPF défend les intérêts des ports auprès des instances européennes et françaises, et produit référentiels et guides méthodologiques techniques à l’intention des gestionnaires du dragage. En France, le dragage des ports représente annuellement 30 millions de tonnes de sédiments, et constitue un enjeu stratégique et de compétitivité en raison des coûts de gestion très importants.
Si 90 % des sédiments dragués dans les ports sont immergés en mer, 10 % sont retraités à terre pour des raisons de contamination, dans le respect de la réglementation. Cette dernière fixe des seuils de contamination au-delà desquels des études complémentaires sont imposées et des solutions de traitement adaptées et économiquement équilibrées sont recherchées.
« Aller vers le mieux »
Les ports – a fortiori les ports d’estuaire – ont à gérer, outre leurs propres sédiments, la pollution diffuse transportée par les sédiments issus du bassin versant, le tout dans le cadre étroit de la Directive-cadre sur l’eau (DCE) et de la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin . Le processus nécessite donc d’identifier les filières de stockage, de traitement à terre et, aujourd’hui, de valorisation. C’est la raison pour laquelle les ports de France s’intéressent de près aux travaux engagés, avec comme objectif la définition de modèles menant à une gestion vertueuse et durable, tant d’un point de vue économique que sur le plan environnemental.
Faire sortir le sédiment du statut de déchet
En dépit de ces perspectives, l’UPF sait que l’immersion en mer se poursuivra. Cela ne l’empêche pas de souhaiter faire sortir le sédiment traité à terre du statut de déchet, et de l’ouvrir aux filières de valorisations telles que la filière agricole ou celle des sables utilisés en travaux publics. En effet, les sables contenus dans les sédiments ne concentrent pas de contaminants. Pour y parvenir, et rendre le modèle durable et acceptable des points de vue sociétal et environnemental, il lui revient de produire des guides, de la méthode, et de partager succès et échecs.